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Psychologue en maternité et en cabinet, mon parcours clinique m’a conduite, il y a dix ans, à engager une recherche doctorale alimentée par une perplexité profonde devant la redondance des violences relatées par les femmes rencontrées dans ces différents cadres. Un phénomène d’une ampleur sans précédent mit en avant dans un rapport du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes de 2018, mais qui demeure difficile à chiffrer.
Par Diane Garnault, Chercheuse associée, Université Paris Diderot
Sur Internet et les réseaux sociaux, divers sites et hashtag agrègent les témoignages dénonçant les conditions dans lesquelles les femmes accouchent : empreintes d’archaïsme, voire de sexisme, insuffisamment protectrices de leur confort physique et psychologique, négligeant leur intimité ou pire, leur consentement… La polémique sur ces violences obstétricales (et gynécologiques) enfle depuis plusieurs années, largement relayée dans les médias.
"Il a tout suturé à vif, ç'a duré quarante-cinq minutes." "Je n’étais plus dans un accouchement, c’était une scène de massacre." "On préférerait mourir plutôt que de sentir ça"… S'ils sont glaçants (et bouleversants), les témoignages réunis dans ce documentaire montrent aussi la volonté des femmes de rendre publiques les maltraitances subies durant l'accouchement, longtemps tues. En France comme dans le reste de l’Europe, leurs voix s’élèvent pour les dénoncer, amplifiées par les réseaux sociaux et une forte mobilisation militante. Également victime de violences obstétricales, la secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les hommes et les femmes, Marlène Schiappa, interviewée dans ce film, a jeté un pavé dans la mare, en commandant un rapport sur le sujet.
Violence systémique
Épisiotomie imposée, césarienne à vif, infantilisation, remarques sexistes... : ces violences bafouent une notion fondamentale : le consentement des femmes. Nombre d'entre elles assimilent alors ce qu'elles ont vécu à un viol. La réalisatrice féministe Ovidie (Là où les putains n'existent pas) analyse la situation sans manichéisme, en interrogeant tous les acteurs concernés : des victimes, des militantes, des experts, des sages-femmes mais aussi des gynécologues qui dénoncent le manque cruel de moyens du système de santé publique. Son enquête rigoureuse explore également l’histoire pour comprendre la source de cette violence systémique, et rappeler, avec des expériences passées ou présentes (l'accouchement sans douleur, la naissance à domicile) qu'un autre modèle, moins médicalisé, peut constituer une solution.
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